Informations pour les participants

Pour ceux et celles qui souhaitent proposer un article à la revue EDL, les papiers doivent être envoyés au comité  scientifique (colloque.lairdil.2015@gmail.com) avant le 31 décembre 2015, date butoir. Télécharger les consignes aux auteurs

Appel à communications

LAIRDIL  / ESPE- Université de Toulouse

&

INNOVALANGUES - Université de Grenoble

Toulouse, 11 & 12 décembre 2015

 

La didactique des langues (DDL) a vu se développer au cours des dernières décennies des recherches portant sur la créativité dans le processus d’enseignement/apprentissage. Parallèlement, du fait surtout de l’évolution des technologies, on a vu également se multiplier les travaux liés à l’innovation pédagogique tant dans le domaine de la conception des dispositifs d’apprentissage que dans celui de leur évaluation. Mais les liens qui unissent les deux concepts, créativité et innovation, s’ils paraissent évidents aux pédagogues - la créativité serait le moteur et l’innovation le résultat -, n’ont pas été suffisamment explorés scientifiquement. Aussi, ce colloque invite-il à réfléchir sur ces questions dans une perspective interdisciplinaire en sciences humaines et sociales. En effet, à côté de nos collègues spécialistes en didactique des langues, nous serions heureux/ses d’accueillir des philosophes, des historien.ne.s, des sociologues de la technique, des spécialistes de l’éducation, de l’analyse du langage, des psychologues, la liste n’est pas exhaustive, susceptibles d’aider les didacticien.ne.s de langues à enrichir leurs problématiques ou méthodes afin de mieux cerner les relations entre créativité et innovation. Les propositions de communication pourront faire état de réflexions théoriques, que ce soit sur chaque concept séparément ou sur la relation entre les deux construits, ou bien de recherches de terrain. Quel que soit le format des propositions, elles doivent s’inscrire dans la perspective de l’enseignement/apprentissage des langues étrangères.

CRÉATIVITÉ

Dans l’acte de créer, de mettre ensemble des éléments existants pour créer du neuf, il y a l’idée de « bricolage » introduite par Lévi-Strauss dans La Pensée Sauvage dans le champ de l'anthropologie, en 1962. Sorti de son sens commun où elle aurait plutôt une connotation péjorative, le concept s’est répandu dans le domaine des sciences humaines et sociales avec pour objectif d'exprimer la condition de l'individu qui doit constamment dans sa vie composer et recomposer avec les moyens qui sont à sa disposition. En développant la créativité (avec ou sans l’enseignant.e), l’apprenant.e peut améliorer ses stratégies d’apprentissage. Les théories développementales ou interactionnistes de Piaget, Bruner, Vytgostky, voire même la cognition incarnée chez Varela, pour ne citer que les plus importants, invitent à dépasser une vision strictement cognitiviste de la créativité. Engeström, par exemple, dans sa théorie de l’activité, utilise un modèle plus large qui donne toute son importance aux facteurs affectifs et sociaux. Ces théories ont largement inspiré les recherches récentes en didactique des langues en Europe sur la créativité des apprenant.e.s comme des enseignant.e.s. En témoigne le colloque organisé par le CRINI en 2012 sur le thème « Langues en mouvement : didactique des langues et pratiques artistiques » ou encore le numéro spécial de Synergie Europe (Aden & Piccardo, éds., 2009)  La créativité dans tous ses états: enjeux et potentialités en éducation. Les chercheur.e.s tentent de construire le concept de créativité en DDL et d’étudier les conditions de sa mise en œuvre (Lapaire, 2011 ; Aden, 2004). En réalité, la créativité se forge à l'aune de la contrainte, que cette dernière soit d'ordre institutionnel, social, financier, psychologique, culturel, ou tout autre type d'interférence dont la classe de langue peut se faire l'écho (Rinvolucri, 2009). C'est bien parce que le monde et ses objets sont denses, opaques, et qu'il évolue à des rythmes divers à de multiples niveaux et échelles non superposables qu'elle doit s'aiguiser, se faufiler, ruser pour contribuer à ce renouvellement dont elle est porteuse et ne céder ni au découragement, ni à l'impression d'être « venue trop tard dans un monde trop vieux », ni au conformisme des instructions officielles, des contraintes de l'industrie éditoriale, ou d’autres pressions émanant du corps social (Puozzo Capron & Piccardo, 2013).

INNOVATION

Du point de vue de l’innovation, on peut tout d’abord se demander quand et pourquoi ce concept s’est substitué à celui de l’invention. L’histoire de la technique et les théories de la communication nous fournissent des réponses à ces questions en montrant comment le paradigme de l’innovation a succédé à celui de l’invention pour aboutir finalement à celui de l’appropriation (Millerand, 1998 ; Flichy, 1995). À partir de là, on peut se demander s’il existe une spécificité de l’innovation en didactique des langues. Les contributions pourraient répondre à cette question en menant un travail d’archive autour du rôle du CRAPEL, du GERAS, de RANACLES ou de la revue ALSIC pour n’en citer que quelques-unes. Pourront être conviées ensuite des contributions portant le regard des chercheur.e.s sur les innovations pédagogiques, en particulier les dispositifs innovants, bilinguisme et APLI (Approche plurielle fondée sur des langues inconnues), CLIL/EMILE, méthode silencieuse, language awareness, etc. La question qui se pose ensuite est celle de la diffusion ou de la non diffusion de l’innovation car, si l’innovation relève généralement d’une axiologie positive en ce qu’elle est associée à la créativité, au changement, à la collaboration (on n’innove jamais aujourd’hui, ou rarement, seul.e), elle suscite aussi réticences, opposition, voire rejets. Enfin, on pourra aussi s’interroger sur l’innovation dans le domaine de la recherche, elle-même, par une démarche de mise en abyme. Comme l’a montré Dornyëi (2009), les années récentes ont vu se développer de nouvelles méthodes spécifiquement adaptées aux situations institutionnelles/académiques d’apprentissage des langues et le paradigme innovant semble être celui des méthodes mixtes ou triangulées. Quelle part ces nouvelles méthodes font-elles à la créativité des chercheur.e.s ?

Des approches interdisciplinaires ou pluridisciplinaires (philosophie/phénoménologie, linguistique/psycholinguistique, neurosciences etc.) en lien avec l’enseignement/apprentissage des langues peuvent être considérées  Des réflexions théoriques et de terrain (questionnaires, narrations d'expérience, analyse de manuels, etc.) peuvent être également envisagées.

 

Références

Aden, J. & Piccardo, E. (éds). (2009). La créativité dans tous ses états. Synergie 4.

Akrich, M. (1993). Les objets techniques et leurs utilisateurs. De la conception à l'action. Raisons pratiques 4. 35-57.

Blin, F. (2004) CALL and the development of learner autonomy: Towards an activity-theoretical perspective. ReCALL 16, 02. 377 - 395-

Dörnyei, Z. (2009). The psychology of second language acquisition. Oxford: OxfordUniversity Press.

Flichy, P. (1995). L'innovation technique. Récents développements en sciences sociales. Vers une nouvelle théorie de l'innovation. Paris : Édition de la découverte

Lapaire, J. R. (2011). Corps dansant, espace grammatical dansé in Les rythmes du corps dans l’espace spectaculaire et textuel2 : Arts ouverts, 25-42. Agathe Torti-Alcayaga et Jean-Pierre Simard (éd.). Paris : Le Manuscrit Recherche-Université.

Puozzo Capron, I. & Piccardo, E. (2013). L’émotion dans l’apprentissage des langues, LIDIL48, 5-16.

Mangenot, F. (2000). L'intégration des TICE dans une perspective systémique. Les langues modernes 3. 38-44.

Millerand, F. (1999). Usages des NTIC : les approches de l'appropriation-2ème partie. Revue COMMposite. http://www.commposite.org/index.php/revue/article/view/17

Rinvolucri, M. (2009). The Inevitability of Student Creativity. Synergie Europe 4, 167-172.

 Le colloque se tiendra à Toulouse les 11 et 12 décembre 2015 (en modes présentiel et virtuel, étudiants en présentiel uniquement).

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